Stop à la recolonisation de la Nouvelle-Calédonie-Kanaky par la France ! Nos pensées vont aux sept victimes inutiles de la répression coloniale

Mai 25, 2024 | A La Une, Communiqué de Presse

La Nouvelle-Calédonie-Kanaky est une colonie de peuplement. Depuis son annexion en 1853, la France, qui y a d’abord déporté des prisonniers, a constamment encouragé l’installation de populations issues de la métropole coloniale par l’octroi d’avantages. Le peuple kanak est devenu minoritaire chez lui à partir des années du boom du nickel entre 1969 et 1972. Il subit un racisme permanent et systémique de la part des populations européennes qui se manifeste par des violences économiques et sociales entraînant de très fortes inégalités et sa ségrégation.

Entre 1984 et 1988, la Nouvelle-Calédonie a connu une quasi guerre civile entre les partisan·nes et les opposant·es à l’indépendance, marquée par la prise d’otages de la grotte d’Ouvéa en 1988 dans laquelle 4 gendarmes et 19 indépendantistes kanaks ont été tués. Ces “évènements” ont pris fin avec la signature des accords de Matignon en 1988 qui prévoyaient l’organisation d’un référendum d’autodétermination dix ans plus tard et amnistiaient la prise d’otages d’Ouvéa, évitant tout procès à propos de l’assaut meurtrier déclenché par le gouvernement Chirac et validé par le président Mitterrand.

Dix ans plus tard, les accords de Nouméa précisaient les étapes du processus de décolonisation et d’émancipation de l’archipel autour d’un projet de nouvelle citoyenneté calédonienne. 

Aujourd’hui, le projet de loi constitutionnelle de dégel du corps électoral voulu par l’exécutif français rompt avec les accords de Nouméa et poursuit en l’aggravant la minorisation du peuple Kanak. Emmanuel Macron et son gouvernement veulent empêcher toute possibilité d’une majorité indépendantiste. Ils sont restés sourds aux trois mois de mobilisation et de manifestations pacifiques qui ont réuni des dizaines de milliers de personnes contre leur projet de loi. Ils n’ont pas écouté non plus les alertes des parlementaires de gauche et d’outre-mer.

Les émeutes sont une réponse à la volonté de l’exécutif d’imposer un texte dont le peuple Kanak ne veut pas, y compris par la force. Comme en 1988 et malgré cette expérience sanglante, l’exécutif réprime les indépendantistes : Etat d’urgence, GIGN, Armée, assignation à résidence des militant·es. Il témoigne une mansuétude coupable à l’égard des milices qui harcèlent et violentent les indépendantistes Kanaks. Nous déplorons tous les morts, qui auraient pu être évités si le gouvernement avait agi avec responsabilité et respect du peuple Kanak. 

Les raisons de ce reniement sont matérielles et stratégiques. L’exécutif souhaite reprendre la main sur les ressources de l’archipel et, en particulier, sur le nickel dont la Nouvelle-Calédonie-Kanaky possède  20 % à 30 % des réserves mondiales. C’est pourquoi il a conditionné ses aides aux entreprises d’extraction à un assouplissement de la “doctrine nickel” voulue par le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) qui souhaitait faire de cette ressources un levier économique pour la construction de son projet politique et mieux protéger la ressource et son environnement. 

Il apparaît clairement qu’Emmanuel Macron et son gouvernement entendent garder la main sur les ressources de l’archipel qu’ils envisagent comme une source d’approvisionnement pour leur marché intérieur et d’enrichissement pour des intérêts alliés. 

Mais la décision d’Emmanuel Macron et son gouvernement de recoloniser la Nouvelle-Calédonie-Kanaky est une affirmation du rôle qu’ils entendent faire jouer à la France dans la région indopacifique en inscrivant notre pays dans une logique d’affrontement entre grandes puissances pour l’accès aux ressources et le contrôle des voies de communication. 

Nous dénonçons la recolonisation de la Nouvelle-Calédonie-Kanaky

Nous demandons le désarmement des milices, la fin de l’état d’urgence et de toutes les restrictions de liberté ! 

Nous défendons d’autres relations internationales fondées sur le respect des peuples et leur coopération, et non pas sur la domination militaire. 

Source : Nickel en Nouvelle-Calédonie : une ressource-clé pour l’archipel et les indépendantistes, Le Monde