Écologistes, nous dénonçons l’utilisation politique de la justice et appelons à un meeting unitaire en défense des libertés publiques

Avr 25, 2024 | Tribune

“La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux” (art. 11 de La déclaration des droits de l’homme et du citoyen, 1789)

Mathilde Panot, Rima Hassan, Sihame Assbague, Anasse Kazib, ces quatre personnalités politiques ont en commun d’être convoquées par la direction de la police judiciaire dans le cadre d’une enquête pour “apologie du terrorisme”.

La première est la présidente du principal groupe d’opposition de gauche à l’Assemblée Nationale. La deuxième est candidate aux élections européennes sur la liste menée par Manon Aubry et soutenue par La France Insoumise. La troisième est une journaliste et militante anticolonialiste et antiraciste bien connue. Le quatrième est porte-parole de Révolution Permanente, un parti situé à l’extrême gauche de l’échiquier politique. Tou·tes ont en commun de défendre les droits du peuple palestinien et de dénoncer la guerre coloniale génocidaire menée par le gouvernement d’extrême-droite israélien à Gaza en représailles des attaques terroristes du Hamas sur son sol le 7 octobre 2023.  

Ces convocations s’inscrivent dans un contexte plus large de silenciation et criminalisation des voix qui soutiennent la cause du peuple palestinien : les tentatives répétées du gouvernement d’empêcher les manifestations de soutien au peuple palestinien ou contre le racisme, les multiples entraves à la tenue de réunions publiques avec des personnalités connues pour leur opposition à la politique coloniale israélienne, l’annulation par l’Université de Lille de la conférence sur la Palestine que devaient tenir Jean-Luc Mélenchon et Rima Hassan et, finalement, son interdiction préfectorale, ou encore la condamnation à un an de prison avec sursis de Jean-Paul Delescaut, secrétaire général de la CGT du Nord pour « apologie du terrorisme ». 

Nous dénonçons l’amalgame honteux et dangereux entre défense de la cause palestinienne et antisémitisme de la part de médias propagandistes dont l’agenda politique l’emporte sur la déontologie journalistique et nous regrettons son instrumentalisation à des fins électoralistes par des personnalités politiques, y compris se réclamant de la gauche. La défense des droits, consacrés par la justice internationale, du peuple palestinien et notamment de son droit à l’autodétermination, ne saurait être confondue a priori avec de l’antisémitisme, un délit très grave dont chacun·e doit répondre devant la justice. 

En tant qu’écologistes, nous ne pouvons ignorer que ces attaques à la liberté d’expression de nos camarades s’inscrivent dans un contexte plus large de remise en cause des libertés publiques et d’attaques répétées du pouvoir exécutif contre ses opposant·es, notamment quand il s’agit de militant·es écologistes qui luttent contre l’accaparement du vivant et qu’il n’hésite pas à qualifier, contre toute vraisemblance, d’ « écoterroristes ». 

Face à ces attaques inacceptables à nos libertés fondamentales, nous apportons notre soutien à Mathilde Panot, Rima Hassan, Sihame Assbague, Anasse Kazib et, à toutes les voix de la paix, convoquées judiciairement : étudiant·es, responsables politiques et syndicaux… pour avoir soutenu les droits du peuple palestinien. Nous appelons à faire front et demandons aux responsables des partis et des syndicats l’organisation d’un meeting commun en défense des libertés publiques dans les plus brefs délais. Nous, Écologistes, nous engageons à apporter toute notre force face à un pouvoir médiatique et politique en pleine dérive illibérale qui cherche à réprimer toute opposition progressiste.

Pour accéder à la liste des signataires :

https://docs.google.com/spreadsheets/d/1KwprgDrOL9pJu6n6fdqQ4M66pl6DDcTiH2H0Hh7ebW4/edit?usp=sharing