Nous soutenons la mobilisation étudiante contre le génocide du peuple palestinien à Gaza et la grève de la faim commencée par des étudiant·e·s de Sciences Po. Cette mobilisation s’inscrit dans un contexte d’occupations des universités aux Etats-Unis, en Italie, au Royaume-Uni, Australie… Les étudiant·e·s y dénoncent notamment l’impossibilité d’étudier à Gaza et les partenariats entre les universités françaises et des universités israéliennes ou des entreprises impliquées dans le génocide à Gaza, les violations du droit international et des droits de l’Homme en Palestine.
Les universités israéliennes sont régulièrement accusées, y compris par des chercheur·se·s et professeur·e·s israélien·ne·s, d’être des complices majeurs de l’occupation, du colonialisme de peuplement et de l’apartheid que subissent les Palestinien·nes à l’intérieur comme à l’extérieur du monde universitaire. Des étudiant·e·s et enseignant·e·s ont été arrêté·e·s en Israël pour avoir demandé un cessez-le-feu à Gaza[1] et la professeure Nadera Shalhoub-Kevorkian a été suspendue par l’université hébraïque de Jérusalem[2]. L’université de Tel-Aviv enseigne la doctrine Dahiya[3] qui théorise l’usage disproportionné de la force notamment la destruction d’infrastructures civiles et le refus explicite de distinguer les cibles militaires des cibles civiles. L’université hébraïque de Jérusalem est quant à elle implantée dans les territoires palestiniens occupés illégalement. Dans un communiqué, les présidents de neufs des douze universités israéliennes ont incité les étudiant·e·s de confession juive à quitter les universités dans lesquelles s’expriment ces mobilisations en confondant volontairement l’opposition au sionisme et l’antisémitisme et en ne dénonçant à aucun moment le massacre[4] à Gaza. Nous leur rappelons que la France est un pays laïque où chacun·e est libre de croire ou ne pas croire et où personne n’est jugé selon sa religion.
Plusieurs universités françaises sont partenaires du groupe Thales qui travaille avec le groupe d’armement israélien Elbit System, qui commercialise un drone équipant l’armée israélienne[5]. L’administration de Sciences Po a refusé de condamner le génocide en cours à Gaza et de remettre en cause les partenaires financiers dénoncés par les étudiant·e·s en raison de leur implication avec Israël.
Nous soutenons toutes les mobilisations dans les universités françaises qui visent à dénoncer ces complicités et appelons à la fin de la répression policière, des sanctions disciplinaires et des pressions politiques sur les étudiant.e.s mobilisés contre le génocide en cours à Gaza. Nous dénonçons également les tentatives de disqualifier ces mobilisations à travers diverses polémiques infondées et les instrumentalisations comme la suspension des financements de Sciences Po par la présidente de la Région Île-de-France Valérie Pécresse qui finance elle aussi des entreprises complices du génocide. Nous dénonçons la demande faite aux présidents d’universités par la ministre de l’Enseignement supérieur Sylvie Retailleau « d’utiliser l’étendue la plus complète de leurs pouvoirs » contre la mobilisation des étudiant·e·s pour Gaza et les fermetures des lieux d’enseignement. Nous rappelons que tous les étudiant·e·s doivent pouvoir étudier, débattre et exprimer leurs positions pourvu qu’elles respectent les principes de la liberté d’expression telle que définie par la loi et nous les soutenons dans leurs revendications pour la fin du génocide à Gaza.
[1] En Cisjordanie occupée et dans le territoire israélien, l’armée arrête et réprime étudiant.es et enseignant.es solidaires de Gaza, Association France Palestine Solidarité
[2] La police israélienne a arrêté la professeure Nadera Shalhoub-Kevorkian pour incitation à la haine, tribune publiée dans Le Club de Mediapart
[3] Tirant son nom de Dahiya, un quartier chiite de la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah, rasé par l’aviation israélienne en 2006, cette doctrine a été conçue par le général israélien Gadi Eizenkot. https://www.mediapart.fr/journal/international/191123/guerre-israel-hamas-la-devastatrice-doctrine-dahiya
[4] Communiqué des présidents d’université israéliennes https://www.technion.ac.il/wp-content/uploads/2024/04/VERA-On-events-on-campuses-26-April-2024.pdf
[5] Les liaisons dangereuses de l’Université de Rennes avec l’armement et la surveillance israélienne ! Communiqué de Sud Education 35