Pour une Écologie politique libérée du patriarcat : il est temps pour Julien Bayou de partir. Anaïs, nous te croyons !

Le mardi 27 mars 2024, les membres du conseil fédéral de notre parti ont reçu un mail de la présidente de notre groupe à l’Assemblée nationale. Cyrielle Chatelain nous écrit que suite à la plainte et au témoignage d’Anaïs Leleux le groupe s’est réuni en assemblée générale et qu’il a échoué à réunir la majorité qualifiée (60% des suffrages) qui aurait permis la suspension pour quatre mois de Julien Bayou. Elle ne dit rien des débats mais concède une raison : « en l’état actuel des informations ».

Que sait-on exactement ? 

Le lundi 26 septembre 2022, Julien Bayou démissionnait du secrétariat national. Ce moment marquait non pas un geste de responsabilité, mais le début d’une défense où Julien Bayou s’est présenté comme victime d’une cabale, menée par des personnes qui ont perdu « tout discernement » et nient ses droits à se défendre.  À ce moment-là nous avons été plusieurs dans le parti à dire que les accusations étaient graves et que les arguments de la défense de Bayou étaient irrecevables parce qu’ils convoquaient les pires stéréotypes naturalistes sur les femmes, mobilisant à son profit la tolérance sociale au sexisme et aux comportements machistes, « cet inconscient misogyne incorporé » produit de la relation de pouvoir des hommes sur les femmes. Par conséquent, il nous apparaissait déjà inconcevable que Julien Bayou puisse continuer à incarner l’écologie politique féministe que nous défendons.

Celle-ci commence par l’affirmation d’un principe : « on te croit ». Ce n’est pas un slogan creux, sans fondement idéologique. C’est une arme politique qui renverse l’apriori en la faveur des femmes. Une arme de discrimination positive dans une société fondamentalement inégalitaire. Une arme de résistance et de destruction du patriarcat au fondement de l’organisation de nos sociétés capitalistes modernes. 

Aujourd’hui, Anaïs Leleux a porté plainte contre Julien Bayou. Les faits qu’il reprochait à ses accusatrices de ne pas lui avoir présentés, sont maintenant qualifiés pénalement : harcèlement moral et abus de faiblesse. Les accusations d’Anaïs Leleux sont étayées. Elle décrit une relation d’emprise avec ses manipulations et violences psychologiques insidieuses qui ont fini par la faire douter de sa raison. Elle raconte l’échec du parti à la protéger malgré les alertes sur le comportement de Julien Bayou vis à vis des femmes qui se sont confirmées depuis* et, ses propres appels à l’aide jusqu’à ses tentatives de suicide. Le parti s’est en effet montré incapable d’affirmer le seul principe qui vaille dans ces cas-là : « on te croit ». Notre cellule interne de lutte contre les violences sexuelles et sexiste (CVSS) s’est révélée impotente et depuis un an et demi, Julien Bayou a entamé une lente entreprise de normalisation au sein du parti et poursuit sans entrave son chemin politique tandis qu’Anaïs éprouvait la violence économique qui accompagne trop souvent de la part des hommes les situations de séparation.

Nous demandons l’exclusion de Julien Bayou. Ce n’est pas une question de présomption d’innocence, que nous laissons à la justice, mais un choix politique et moral. EELV se doit d’être un bastion de la lutte féministe, un espace où les femmes, leurs voix et leurs souffrances sont non seulement entendues mais aussi respectées et prises en considération : on te croit !

La justice dira le droit, nous disons la politique. Nous reconnaissons la gravité des accusations portées contre Julien Bayou. Nous connaissons l’impact dévastateur de ses logiques prédatrices de la vie des femmes. Depuis Maupassant et Bel-Ami, elles sont au cœur des stratégies d’accès au pouvoir dont les médias et les partis politiques sont les instruments par excellence. Notre écologie politique est féministe, du respect de la dignité des femmes à leur (au moins) égale représentativité au sein de notre mouvement. La décision du groupe des député·es écologistes à l’Assemblée Nationale souligne nos dissensus sur une question aussi fondamentale. Elle entache notre crédibilité dans le combat pour l’égalité et contre les violences faites aux femmes. Elle rétrocède par rapport à la puissance de l’engagement féministe de la société civile qui à travers les déferlantes « me too » ou « Yo te creo », pour ne citer qu’elles, a créé les conditions de la constitutionnalisation de la liberté des femmes d’avorter. Elle ignore le lien entre patriarcat, inégalité sociale et capitaloscène : l’aliénation du travail et des corps des femmes constituent les prémisses à l’accaparement du vivant tout entier.

L’épisode de la suspension ratée de Julien Bayou du groupe des écologistes à l’Assemblée Nationale ajoute à l’urgence de notre appel :  EELV doit corriger les erreurs commises dans la gestion de cette affaire et prendre des mesures immédiates pour réaffirmer son engagement féministe. L’exclusion de Julien Bayou n’est pas seulement une nécessité morale ; elle est devenue une exigence politique pour redonner du sens à notre action en faveur de l’égalité et du respect du vivant.

« Nous pouvons guider, instruire, observer, mettre en commun des informations et des techniques, mais nous ne pouvons pas faire à la place des garçons et des hommes le travail qu’ils doivent faire sur eux-mêmes. » (bell hooks, La volonté de changer, 2004). De toute évidence, Julien Bayou qui est accusé par Anaïs Leleux, sa compagne de 2017 à 2021, de maltraitances psychologiques et d’abus de faiblesse, n’a jamais entamé cette démarche critique. L’exclure fait partie du travail de formation et de conviction que notre parti politique doit savoir accomplir pour toutes les victimes du patriarcat : les femmes et les hommes. 

*Un compte instagram féministe cancelmaisbof fait état des différents éléments recensés ces dernières années. Depuis la prise de parole publique d’Anaïs Leleux, Sophie Tissier a fait état d’une agression qu’elle a subie de la part de Julien Bayou sur son compte Twitter.

Les écologistes doivent signer l’appel à manifester samedi 9 mars à 14H

Contre le génocide en Palestine, pour un cessez le feu permanent et des sanctions contre Israël.

La décision prise par la direction de notre parti de ne pas signer pour l’instant l’appel à manifester initié par le Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens, dont EELV est membre fondateur, est une erreur. En cause, l’emploi du mot génocide. Si elle devait se confirmer, elle s’inscrirait dans la continuité d’une communication erratique de notre direction sur le massacre en cours à Gaza, qui a d’abord commencé par reprendre l’antienne de la propagande pro-israélienne « Israël a le droit de se défendre », avant de réclamer un cessez-le-feu immédiat et permanent, pour finalement nous désolidariser des autres membres du Collectif en refusant de signer l’appel à manifester samedi 9 mars sur les mots d’ordre : GAZA : STOP GÉNOCIDE ! CESSEZ-LE-FEU PERMANENT ! ASSEZ DE DÉCLARATIONS ! SANCTIONS CONTRE ISRAËL !

Cette décision reviendrait à ignorer le jugement de la Cour de Justice Internationale qui a donné raison à l’Afrique du Sud, soutenue par une grande partie des États du Sud global, qui accuse Israël de manquer aux obligations qui lui incombent au titre de la Convention de 1948 sur le génocide, qui interdit le crime de génocide, oblige à le prévenir et à le sanctionner. Ce qui signifie aussi que sauf à mettre en place les mesures conservatoires requises, le crime de génocide serait caractérisé. D’ailleurs dans le communiqué de presse que la direction a pris soin de rédiger pour appeler à rejoindre la manifestation sur ses propres mots d’ordre, elle rappelle l’ampleur du massacre et des destructions provoquées par l’offensive israélienne que pour autant elle refuse de qualifier de génocide.

Rappelons que les jugements de la Cour Internationale de Justice ont une valeur contraignante et qu’en l’occurrence, celui-là s’impose non seulement à Israël, mais à toutes « les parties contractantes » de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide. Au lieu de cela, la France qui s’était pourtant engagée, fin janvier 2024, à respecter la décision de la Cour Internationale de Justice, a déclaré qu’elle entendait présenter des observations sur l’interprétation par la Cour de la Convention. Ce qui signifie, dans un langage diplomatique qui laisse peu de doute sur son interprétation, qu’elle ne reconnaît pas le risque de génocide et n’entend pas prendre toutes les mesures qui sont raisonnablement à sa disposition pour en prévenir le crime. 

Si elle devait confirmer son refus de signer l’appel du Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens, la direction de notre Parti prendrait la responsabilité de s’aligner sur la position du gouvernement. Ce qui apparaîtrait comme une susceptibilité à un agenda politique aveugle aux relations coloniales de domination capitalistes, entamerait notre crédibilité auprès des anciens peuples colonisés, qui forment l’essentiel du Sud global, et de leurs diasporas chez nous qui contestent la légitimité d’un ordre du monde dominé par les intérêts occidentaux. Cette décision qui participe clairement d’une stratégie de conquête d’un électorat centriste moins sensible à ces questions, contribuerait à nous aliéner l’électorat populaire issu des anciennes colonies.

Plutôt que de nous laisser emporter par la propagande médiatique qui vise à minorer les crimes perpétrés à Gaza, dans une entreprise de manipulation de l’opinion publique, nous devrions éclairer cette même opinion publique sur le caractère colonial de la guerre que mène Israël contre la population de Gaza, qui s’étend en Cisjordanie et, maintenant, dans le sud du Liban. Israël mène une guerre coloniale d’appropriation d’un territoire qui va du Jourdain à la Méditerranée, revendiquée depuis longtemps par l’extrême droite israélienne et, maintenant ouvertement par des gouvernants et responsables israéliens. Ce n’est pas un hasard si les anciens pays colonisés soutiennent à peu près unanimement la démarche de l’Afrique du Sud. Ils savent d’expérience ce dont il est question.

Plutôt que nous laisser prendre par des arguties qui n’ont d’autre intention que de réifier des catégories du discours dont nous savons pertinemment qu’elles ne sont pas fondamentalement en cause ; juif·ves, arabes, musulman·es, notre rôle est de rappeler que si la religion et/ou l’ethnie sont des registres de mobilisation disponibles, ils sont au service d’un agenda politique impérialiste qui voit s’affronter des empires dans des guerres de prédation qui ont déjà conduit à l’effondrement de plusieurs sociétés où les gens vivent dans une insécurité permanente. 

Car l’enjeu du conflit réside dans la conquête militaire du territoire palestinien et de ses richesses : l’eau, la terre et le gaz. Pour preuve l’accord tripartite qu’Israël a récemment signé avec l’Egypte et l’Union Européenne, après avoir découvert d’importants gisements de gaz au large de ses côtes, qui le place en position de devenir un acteur stratégique majeur dans la fourniture de gaz, d’autant plus important pour l’Europe que nous sommes engagés dans une réduction de notre dépendance au gaz russe. Pour preuve encore, le fait qu’Israël vient d’accorder des permis d’exploration à plusieurs compagnies gazières, dont l’italienne ENI, dans les eaux territoriales palestiniennes, là encore, en violation du droit international.

Dans ces conditions, l’appel du Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens, à manifester pour exiger de notre pays et de l’ensemble des pays occidentaux qu’ils engagent des sanctions diplomatiques, économiques et militaires contre l’Etat d’Israël afin de satisfaire à leur obligation de prévenir le génocide du peuple palestinien, est un des moyens légitimes à notre disposition pour réclamer l’application du droit international et dénoncer l’alignement diplomatique croissant de la France avec l’Union Européenne sur les intérêts des Etats-Unis et sa logique impérialiste.

Par conséquent, nous considérons que la responsabilité des écologistes consiste à ne pas se désolidariser des autres membres du collectif et à signer son appel à manifester samedi 9 mars à 14H sur les mots d’ordre : GAZA : STOP GÉNOCIDE ! CESSEZ-LE-FEU PERMANENT ! ASSEZ DE DÉCLARATIONS ! SANCTIONS CONTRE ISRAËL !

Nous espérons que la direction d’EELV – Les Écologistes entendra nos arguments et signera cet appel. Dans l’attente et pour ce qui nous concerne nous sommes solidaires de l’appel du collectif pour une paix juste et durable entre palestiniens et israéliens.

Retrouver le chemin de la paix : cessez le feu immédiat !

Le 7 octobre dernier, Israël a connu l’attaque la plus sanglante de son histoire. Dans une opération sans précédent impliquant des centaines de combattants du Hamas venus de la Bande de Gaza, plus de 1200 israélien·ne·s ont été tué·e·s. Plus de 80% des victimes sont des civils, femmes et enfants. Des villages entiers ont été attaqués, des charniers découverts par les secours, une jeunesse fauchée en plein concert, et des otages qu’on estime désormais à plus de 200 ont été emmenés dans la Bande de Gaza. Une attaque terroriste.

Pour Israël, ce scénario de l’horreur est inédit depuis la fondation de l’Etat. Il l’est par son ampleur, il l’est par sa violence, il l’est également par la faillite du renseignement et des forces armées qui ont été dépassées par une opération armée soigneusement planifiée.

Nous devons redire notre compassion et notre soutien aux Israélien·ne·s touché·e·s dans leur chair. Dans cet État de 9 millions d’habitants, le nombre de mort·e·s et de blessé·e·s fait que chaque Israélien·ne connaît potentiellement l’une des victimes.

De surcroît, si le retentissement est aussi dévastateur pour Israël, c’est que depuis la seconde Intifada la question palestinienne avait été délibérément occultée.

En effet, depuis 20 ans et la construction du mur en Cisjordanie, depuis le retrait d’Israël de Gaza et l’enfermement de sa population, depuis l’accélération sans précédent du morcellement de la Cisjordanie par les colonies et la séparation méthodique des infrastructures, les Palestinien·ne·s ont été éloigné·e·s physiquement et psychologiquement des Israélien·ne·s.

La politique de séparation menée par Israël, une politique qualifiée d’Apartheid, par les ONG des droits humains, s’est doublée d’une recherche de normalisation avec les pays arabes voisins, donnant de facto le sentiment que la cause palestinienne, celle de l’établissement d’un Etat souverain palestinien en vertu du droit international et de l’égalité des droits, avait vécu.

Las, la séparation, l’humiliation, les violences, les morts qui ont égrené le quotidien des Palestinien·ne·s depuis 1948 et singulièrement depuis la fin des accords d’Oslo ont achevé de créer une réalité indépassable, celle de la volonté du peuple palestinien de résister, de ne pas se soumettre à l’oppression, de faire valoir ses droits, malgré les violences de l’armée et des colons, malgré les déplacements forcés, les spoliations, les humiliations, les blessures et assassinats qui jalonnent son quotidien dans l’indifférence coupable de la communauté internationale.

Rien ne justifie l’attaque du moindre civil en Israël. Occulter cependant les racines de la violence ne fait que la perpétuer. Sa fin ne pourra être envisagée qu’en mettant un terme à la privation inique du droit des Palestinien·ne·s à présider à leur destinée.

Or aujourd’hui, chacun·e sait que l’aventure coloniale dans laquelle s’ancre chaque jour davantage l’Etat d’Israël est une impasse qui continue à sacrifier la vie et l’avenir des Palestinien·ne·s et menace de fait la sécurité des civil·e·s israélien·ne·s.

Pour répondre à l’offensive sanglante du Hamas, Israël mène actuellement une offensive militaire contre la Bande de Gaza faite de bombardements indiscriminés, de déplacements forcés de la population civile, de privation d’eau, de nourriture, d’électricité et de soins. Des crimes de guerre qui menacent la bande de Gaza de « nettoyage ethnique» selon la rapporteure spéciale des Nations-Unies dans les Territoires Palestiniens Occupés.

Un crime ne saurait justifier un autre crime. En conséquence, nous devons en revenir aux fondements et principes élémentaires du droit international.

Le cessez-le-feu immédiat doit être recherché, le blocus de Gaza doit être levé, la colonisation doit cesser, l’égalité des droits doit être proclamée.

Sans un règlement politique d’un conflit territorial de plus de 75 ans et d’une offensive coloniale, il n’y aura ni justice, ni paix dans cette région du monde et Israël vivra dans l’insécurité permanente.

Malheureusement, le gouvernement français a décidé de s’aligner sur une position de soutien au gouvernement israélien, et de ne pas s’opposer à la riposte militaire. Sans aucun débat au Parlement.

Alors que partout dans le monde s’organisent des manifestations de soutien au peuple de Palestine et aux Gazaoui·e·s, le gouvernement français a décidé de les interdire systématiquement en France et de verbaliser les manifestant·e·s.

Il a décidé de museler et d’effacer les voix et les figures palestiniennes dans notre pays ; il a ainsi assigné à résidence, à Marseille, Mariam Abudaqa, militante féministe de Gaza, directrice de « Palestinian Development Women Studies Association », entrée légalement dans notre pays munie d’un visa octroyé par les autorités françaises, ou fait pression afin que le Mucem reporte un spectacle consacré à Leila Shahid, ancienne déléguée générale de l’Autorité palestinienne en France.

Décisions sans précédent, hors état d’urgence, et attaques inédites contre nos libertés fondamentales.

Nous sommes pour un cessez-le-feu immédiat !

Pour la libération des otages !

Pour une application du  droit international, pour le  respect des résolutions des Nations Unies.

Nous demandons que L’Europe et la France en particulier assument une diplomatie de la paix et du cessez-le-feu immédiat, et qu’elles suspendent tout accord de livraison d’armes à Israël.

Tous les criminels de guerre doivent être jugés. L’occupation et la colonisation doivent cesser !

Nous manifesterons pour le dire.