Les Ecologistes doivent dénoncer la responsabilité de la France et de l’Europe dans l’invisibilisation et la poursuite du génocide à Gaza et de la colonisation en Palestine !

Les Ecologistes doivent dénoncer la responsabilité de la France et de l’Europe dans l’invisibilisation et la poursuite du génocide à Gaza et de la colonisation en Palestine !

Le docteur Ghassan Abu-Sittah n’aurait jamais dû être empêché d’entrer en France samedi dernier.

Le chirurgien de guerre Ghassan Abu-Sittah qui avait opéré à Gaza au début de l’offensive Israélienne a été empêché d’entrer en France samedi 4 mai alors qu’il venait témoigner lors du colloque « La France et sa responsabilité dans l’application du droit international à Gaza » organisé par Raymonde Poncet, sénatrice de notre parti. Un mois et demi plus tôt, l’Allemagne avait empêché ce médecin britannico-palestinien, recteur de l’université de Glasgow, d’entrer sur son territoire alors qu’il devait participer à une conférence et interdit de visa dans l’espace Schengen[1].

Le gouvernement allemand a adopté depuis le 7 octobre une position pro-israélienne  et apporté un soutien inconditionnel à Benjamin Netanyahou et son gouvernement d’extrême-droite au point de  lui livrer des armes et du matériel militaire qui lui vaut d’être accusé de plausible complicité de crime contre l’humanité[2] et de  réprimer  toutes les voix qui tentent d’éclairer son opinion publique et condamnent le génocide à Gaza[3]. La France n’était pas obligée de suivre cette interdiction de visa Schengen par l’Allemagne. Les accords de Schengen sont régulièrement suspendus pour satisfaire la politique migratoire xénophobe des différents gouvernements Macron.

Par conséquent, l’alignement du gouvernement français sur la décision allemande est un choix diplomatique et politique. D’une part, cela signifie que la France ne souhaite pas contester la position pro-israélienne de l’Allemagne en Europe, ni renforcer les efforts de l’Espagne et de la Belgique pour obtenir des pays européens qu’ils respectent leurs engagements envers la Cour Internationale de Justice et les principes défendus par l’Europe. D’autre part, cette interdiction s’inscrit dans la continuité d’une politique répressive qui, de l’interdiction de manifestations, à celle de conférences dans les universités, en passant par l’envoi de la police contre les étudiant·e·s qui se mobilisent, voudrait faire taire les voix qui témoignent et partout dénoncent le génocide en cours à Gaza et les crimes abjects en Cisjordanie.

Si les militant·e·s et parlementaires écologistes présents au colloque ont dénoncé cette interdiction, notre parti, qui tenait pourtant un meeting de campagne en même temps, est resté silencieux, contrairement au NPA ou à Jean-Luc Mélenchon. Un silence lourd de sens quand on sait que les Verts allemands (Die Grünen) participent à la coalition qui gouverne en Allemagne et qu’ils y occupent même le ministère des affaires étrangères. Les Grünen se sont plusieurs fois distingués ces derniers mois par leur alignement pro-israélien. Le vice-chancelier écologiste Robert Habeck a tenu des propos stigmatisant les musulman·e·s en leur enjoignant à se distancier du Hamas et la majorité du groupe des Verts au Bundestag a voté pour une résolution décrivant la campagne BDS (boycott, désinvestissement, sanctions) comme antisémite. En décembre 2023, la Fondation Heinrich-Böll, affiliée aux Grünen et partenaire des Journées d’été des Ecologistes en France depuis 2019, avait annulé la remise de son prix Hannah-Arendt à Masha Gessen, journaliste russo-américaine qui devait le recevoir, après qu’elle ait comparé Gaza à un « ghetto en train d’être liquidé »[4].

Les Écologistes doivent protester officiellement et vigoureusement auprès du gouvernement français mais aussi auprès des Grünen, leurs alliés au sein du groupe des Verts au Parlement européen et du Parti Vert Européen (dont la présidente est la sénatrice française Mélanie Vogel), pour l’interdiction faite au docteur Ghassan Abu-Sitta d’entrer sur notre territoire samedi dernier et de témoigner. Au contraire, le silence de notre parti jusque là nous interpelle d’autant plus qu’il s’inscrit dans une campagne pour les élections européennes où la question palestinienne a été volontairement mise de côté dans le programme[5].

Une orientation stratégique qui vise à ne pas confronter un appareil médiatique largement compromis et à complaire à un électorat prétendument « modéré » réputé indifférent à la question palestinienne, est une faute. Quel sens peut avoir le fait de parler d’eau, d’alimentation, d’énergie, de la santé des Européen·ne·s quand la population de Gaza est privée d’eau, affamée, que son sol est pollué et confisqué par la guerre et la politique de colonisation israélienne ? Sinon à considérer que ce qui vaut pour les Européen·ne·s ne vaut pas pour les autres peuples du monde. Quel sens peut avoir le fait de parler du « vivant silencieux », comme l’a fait notre secrétaire nationale en meeting ce week-end et de condamner au silence les victimes palestiniennes du génocide en cours à Gaza ? Marie Toussaint qui s’est battue pour la reconnaissance du crime d’écocide devrait saisir l’opportunité de ces élections européennes pour dénoncer l’écocide à Gaza[6] comme en Cisjordanie[7] qui détruit le cadre d’existence des Palestinien·ne·s et constitue ainsi une des conditions suffisantes pour qualifier un génocide.

A la veille d’une offensive de l’armée israélienne sur Rafah qui s’annonce effroyable, la dénonciation du génocide à Gaza et des politiques de colonisation en Palestine doivent être portées haut et fort dans ces élections européennes. Les Écologistes doivent soutenir les mobilisations trop souvent réprimées en Occident et, en particulier, celles de la jeunesse qui refuse ce monde construit sur la domination du plus fort, la destruction et l’accaparement de toutes les ressources. Aux États-Unis, Jill Stein, candidate du parti Vert américain et juive antisioniste[8], a été arrêtée pour avoir soutenu les occupations des campus américains en faveur de la Palestine. Nous saluons son courage et lui apportons notre entier soutien. Comme elle, nous ne nous tairons pas. 


[1] Le médecin palestinien Ghassan Abu Sitta, témoin de l’enfer de Gaza, interdit d’entrée sur le territoire français, Le Monde 

[2] L’Allemagne accusée de « plausible » complicité dans les crimes commis à Gaza, Le Monde

[3] En Allemagne, une criminalisation « inconditionnelle » du soutien à la Palestine, Ballast

[4] Gaza : en Allemagne, le grand déni, Mediapart

[5] À Lyon, les Verts européens ont désigné leurs chefs de file, Mediapart

[6] ‘Ecocide in Gaza’: does scale of environmental destruction amount to a war crime?, The Guardian

[7] Ecocide à Gaza: Eau, sol et végétations, l’armée de l’occupant s’acharne contre le vivant (témoignages), Tunis Afrique Presse

[8] Interview de Jill Stein sur CNN, Twitter  

Soutien aux étudiant·e·s mobilisé·e·s pour la Palestine et l’arrêt du génocide en cours à Gaza

Nous soutenons la mobilisation étudiante contre le génocide du peuple palestinien à Gaza et la grève de la faim commencée par des étudiant·e·s de Sciences Po. Cette mobilisation s’inscrit dans un contexte d’occupations des universités aux Etats-Unis, en Italie, au Royaume-Uni, Australie… Les étudiant·e·s y dénoncent notamment l’impossibilité d’étudier à Gaza et les partenariats entre les universités françaises et des universités israéliennes ou des entreprises impliquées dans le génocide à Gaza, les violations du droit international et des droits de l’Homme en Palestine.

Les universités israéliennes sont régulièrement accusées, y compris par des chercheur·se·s et professeur·e·s israélien·ne·s, d’être des complices majeurs de l’occupation, du colonialisme de peuplement et de l’apartheid que subissent les Palestinien·nes à l’intérieur comme à l’extérieur du monde universitaire. Des étudiant·e·s et enseignant·e·s ont été arrêté·e·s en Israël pour avoir demandé un cessez-le-feu à Gaza[1] et la professeure Nadera Shalhoub-Kevorkian a été suspendue par l’université hébraïque de Jérusalem[2]. L’université de Tel-Aviv enseigne la doctrine Dahiya[3] qui théorise l’usage disproportionné de la force notamment la destruction d’infrastructures civiles et le refus explicite de distinguer les cibles militaires des cibles civiles. L’université hébraïque de Jérusalem est quant à elle implantée dans les territoires palestiniens occupés illégalement. Dans un communiqué, les présidents de neufs des douze universités israéliennes ont incité les étudiant·e·s de confession juive à quitter les universités dans lesquelles s’expriment ces mobilisations en confondant volontairement l’opposition au sionisme et l’antisémitisme et en ne dénonçant à aucun moment le massacre[4] à Gaza. Nous leur rappelons que la France est un pays laïque où chacun·e est libre de croire ou ne pas croire et où personne n’est jugé selon sa religion.

Plusieurs universités françaises sont partenaires du groupe Thales qui travaille avec le groupe d’armement israélien Elbit System, qui commercialise un drone équipant l’armée israélienne[5]. L’administration de Sciences Po a refusé de condamner le génocide en cours à Gaza et de remettre en cause les partenaires financiers dénoncés par les étudiant·e·s en raison de leur implication avec Israël.

Nous soutenons toutes les mobilisations dans les universités françaises qui visent à dénoncer ces complicités et appelons à la fin de la répression policière, des sanctions disciplinaires et des pressions politiques sur les étudiant.e.s mobilisés contre le génocide en cours à Gaza. Nous dénonçons également les tentatives de disqualifier ces mobilisations à travers diverses polémiques infondées et les instrumentalisations comme la suspension des financements de Sciences Po par la présidente de la Région Île-de-France Valérie Pécresse qui finance elle aussi des entreprises complices du génocide. Nous dénonçons la demande faite aux présidents d’universités par la ministre de l’Enseignement supérieur Sylvie Retailleau « d’utiliser l’étendue la plus complète de leurs pouvoirs » contre la mobilisation des étudiant·e·s pour Gaza et les fermetures des lieux d’enseignement. Nous rappelons que tous les étudiant·e·s doivent pouvoir étudier, débattre et exprimer leurs positions pourvu qu’elles respectent les principes de la liberté d’expression telle que définie par la loi et nous les soutenons dans leurs revendications pour la fin du génocide à Gaza. 


[1] En Cisjordanie occupée et dans le territoire israélien, l’armée arrête et réprime étudiant.es et enseignant.es solidaires de Gaza, Association France Palestine Solidarité

[2] La police israélienne a arrêté la professeure Nadera Shalhoub-Kevorkian pour incitation à la haine, tribune publiée dans Le Club de Mediapart

[3] Tirant son nom de Dahiya, un quartier chiite de la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah, rasé par l’aviation israélienne en 2006, cette doctrine a été conçue par le général israélien Gadi Eizenkot. https://www.mediapart.fr/journal/international/191123/guerre-israel-hamas-la-devastatrice-doctrine-dahiya

[4] Communiqué des présidents d’université israéliennes https://www.technion.ac.il/wp-content/uploads/2024/04/VERA-On-events-on-campuses-26-April-2024.pdf

[5] Les liaisons dangereuses de l’Université de Rennes avec l’armement et la surveillance israélienne ! Communiqué de Sud Education 35