Stop à la recolonisation de la Nouvelle-Calédonie-Kanaky par la France ! Nos pensées vont aux sept victimes inutiles de la répression coloniale

Stop à la recolonisation de la Nouvelle-Calédonie-Kanaky par la France ! Nos pensées vont aux sept victimes inutiles de la répression coloniale

La Nouvelle-Calédonie-Kanaky est une colonie de peuplement. Depuis son annexion en 1853, la France, qui y a d’abord déporté des prisonniers, a constamment encouragé l’installation de populations issues de la métropole coloniale par l’octroi d’avantages. Le peuple kanak est devenu minoritaire chez lui à partir des années du boom du nickel entre 1969 et 1972. Il subit un racisme permanent et systémique de la part des populations européennes qui se manifeste par des violences économiques et sociales entraînant de très fortes inégalités et sa ségrégation.

Entre 1984 et 1988, la Nouvelle-Calédonie a connu une quasi guerre civile entre les partisan·nes et les opposant·es à l’indépendance, marquée par la prise d’otages de la grotte d’Ouvéa en 1988 dans laquelle 4 gendarmes et 19 indépendantistes kanaks ont été tués. Ces “évènements” ont pris fin avec la signature des accords de Matignon en 1988 qui prévoyaient l’organisation d’un référendum d’autodétermination dix ans plus tard et amnistiaient la prise d’otages d’Ouvéa, évitant tout procès à propos de l’assaut meurtrier déclenché par le gouvernement Chirac et validé par le président Mitterrand.

Dix ans plus tard, les accords de Nouméa précisaient les étapes du processus de décolonisation et d’émancipation de l’archipel autour d’un projet de nouvelle citoyenneté calédonienne. 

Aujourd’hui, le projet de loi constitutionnelle de dégel du corps électoral voulu par l’exécutif français rompt avec les accords de Nouméa et poursuit en l’aggravant la minorisation du peuple Kanak. Emmanuel Macron et son gouvernement veulent empêcher toute possibilité d’une majorité indépendantiste. Ils sont restés sourds aux trois mois de mobilisation et de manifestations pacifiques qui ont réuni des dizaines de milliers de personnes contre leur projet de loi. Ils n’ont pas écouté non plus les alertes des parlementaires de gauche et d’outre-mer.

Les émeutes sont une réponse à la volonté de l’exécutif d’imposer un texte dont le peuple Kanak ne veut pas, y compris par la force. Comme en 1988 et malgré cette expérience sanglante, l’exécutif réprime les indépendantistes : Etat d’urgence, GIGN, Armée, assignation à résidence des militant·es. Il témoigne une mansuétude coupable à l’égard des milices qui harcèlent et violentent les indépendantistes Kanaks. Nous déplorons tous les morts, qui auraient pu être évités si le gouvernement avait agi avec responsabilité et respect du peuple Kanak. 

Les raisons de ce reniement sont matérielles et stratégiques. L’exécutif souhaite reprendre la main sur les ressources de l’archipel et, en particulier, sur le nickel dont la Nouvelle-Calédonie-Kanaky possède  20 % à 30 % des réserves mondiales. C’est pourquoi il a conditionné ses aides aux entreprises d’extraction à un assouplissement de la “doctrine nickel” voulue par le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) qui souhaitait faire de cette ressources un levier économique pour la construction de son projet politique et mieux protéger la ressource et son environnement. 

Il apparaît clairement qu’Emmanuel Macron et son gouvernement entendent garder la main sur les ressources de l’archipel qu’ils envisagent comme une source d’approvisionnement pour leur marché intérieur et d’enrichissement pour des intérêts alliés. 

Mais la décision d’Emmanuel Macron et son gouvernement de recoloniser la Nouvelle-Calédonie-Kanaky est une affirmation du rôle qu’ils entendent faire jouer à la France dans la région indopacifique en inscrivant notre pays dans une logique d’affrontement entre grandes puissances pour l’accès aux ressources et le contrôle des voies de communication. 

Nous dénonçons la recolonisation de la Nouvelle-Calédonie-Kanaky

Nous demandons le désarmement des milices, la fin de l’état d’urgence et de toutes les restrictions de liberté ! 

Nous défendons d’autres relations internationales fondées sur le respect des peuples et leur coopération, et non pas sur la domination militaire. 

Source : Nickel en Nouvelle-Calédonie : une ressource-clé pour l’archipel et les indépendantistes, Le Monde

 

A propos de l’éthique de conviction et de responsabilité. Écologistes, nous disons non aux expulsions !

Vendredi 3 mai 2024, 170 personnes sans-abri qui avaient trouvé refuge dans le gymnase Dargent (8e arrondissement de Lyon), dont une majorité de femmes et d’enfants, ont été expulsées par une soixantaine de policiers. Cela fait suite à la décision du maire Grégory Doucet (EELV) et de son adjointe aux solidarités Sandrine Runel (PS) de donner raison à des associations qui s’étaient plaintes de ces occupations. La mairie de Lyon a justifié sa décision dans un communiqué de presse publié le samedi 4 mai, qui indiquait qu’on ne peut pas « accepter que des bâtiments publics soient utilisés sans autorisation au détriment des usagers ».

Jeudi 16 mai, le squat « Casse-Dalle », dans le 3e arrondissement de Lyon, a également été expulsé par les forces de l’ordre. Le bâtiment, propriété de la Métropole de Lyon présidée par Bruno Bernard (EELV), abritait une cinquantaine de personnes. La Métropole a refusé de prévenir à l’avance du jour exact de l’expulsion du squat. La police aux frontières aurait interpellé sept personnes lors de cette expulsion. Une expulsion facilitée par la loi Kasbarian – pourtant dénoncée par notre parti et nos parlementaires – et justifiée par Benjamin Badouard, conseiller métropolitain et membre du bureau exécutif d’EELV, qui a rappelé que la Métropole de Lyon “avait indiqué depuis septembre aux habitants que le site serait évacué après la trêve hivernale pour permettre la construction de logements sociaux”.

Ces actes politiques répressifs, en plus d’être scandaleux et honteux, sont une faute politique pour une majorité qui se revendique de gauche et en particulier de l’écologie politique. Comment une telle majorité peut-elle user de méthodes répressives alors que nous devrions proposer des solutions humanitaires dignes ? Une majorité écologiste de gauche ne peut pas tolérer qu’une dizaine de bébés et plusieurs femmes enceintes ne se retrouvent à vivre dans la rue ; dans un environnement hostile, sous la pluie, le froid ou la chaleur suffocante, et des conditions d’hygiènes inacceptables et cela même si les bâtiments publics doivent accueillir des usagers. Nous, écologistes, dénonçons avec force cette décision qui va à l’encontre de notre conception de la manière de faire de la politique mais aussi de nos aspirations à une société solidaire.

Les crises de différentes natures, économique, sociale et écologique qui se succèdent et se superposent dans nos villes et nos pays ainsi que les défis de la vie politique ici, en France, placent les citoyen·nes face à des situations complexes et des dilemmes éthiques. Il s’agit alors de s’interroger sur notre responsabilité collective et individuelle et, par conséquent, de choisir entre deux types essentiels de prises de position ainsi que de construction de solutions :

Soit l’impuissance, c’est-à-dire la reproduction et l’approfondissement de solutions brutales qui traitent l’inégalité par la répression et la criminalisation de la pauvreté, et fait des victimes d’un ordre violemment inégalitaire les coupables du désordre qu’il crée.

Soit la recherche de méthodes nouvelles et exigeantes de traitement des inégalités qui en plus d’affronter leurs raisons fondamentales se donnent comme objectif de traiter avec dignité et solidarité les plus démuni·es d’entre nous. Le modèle Riace, du nom de ce village de Calabre, est un exemple de ce qu’il est possible de faire. C’est pourquoi nous considérons que l’éthique de responsabilité doit être résolument inscrite dans une dialectique avec une éthique de conviction sociale et écologiste qui ainsi nous permettra d’affronter les défis sociaux et écologiques sans céder à l’ordre néolibéral et à sa violence. Ce constant mouvement qui questionne la relation entre la responsabilité et la conviction doit faciliter la création d’espaces de médiations favorisant le dialogue et la création de solutions viables. Ces espaces sont indispensables si nous voulons freiner le dépérissement démocratique que suscite, dans tous les champs de la politique, l’expansion de l’autorité des experts et spécialistes de tous ordres, qui invisibilisent progressivement la compétence et détruisent la souveraineté des citoyen·ne·s dans les prises de décisions. C’est en créant des espaces de pouvoir populaire avec les personnes concernées au plus près du terrain et des gens, autour de l’organisation de solutions alternatives dans la mise à l’abri des personnes sans logement ou dans l’accueil des femmes et des hommes migrant·es, que nous replacerons au centre des préoccupations la vie des êtres humains et ses conditions matérielles de reproduction.  Le recours à la force publique sonne comme l’aveu d’échec d’un pouvoir qui gère sans les transformer, les relations de domination entre les humains et des humains sur la nature qui sont au cœur de la reproduction du capitalisme.

Manifeste du collectif « La Tempête – zone d’écologie sociale et populaire »

Manifeste du collectif « La Tempête – zone d’écologie sociale et populaire »

Préambule

Nous, le collectif « La Tempête – zone d’écologie sociale et populaire », portons la flamme d’un engagement déterminé pour une écologie sociale, éclairée par le matérialisme dialectique d’inspiration marxiste. Nous sommes uni·e·s dans la certitude que la justice environnementale et sociale ne font qu’une et que le combat contre toutes les formes de discrimination est vital pour reconstruire notre société.

L’écologie sociale est notre boussole, nous aspirons à un monde où l’environnement et les communautés humaines coexistent en symbiose, respectueux·euses de la vitalité et de la diversité de la vie sous toutes ses formes.

Le matérialisme dialectique* nous offre des outils critiques pour disséquer et transformer notre réalité sociale et économique, en exposant les contradictions du capitalisme et en nous orientant vers une libération collective des chaînes de l’exploitation, de la prédation et de l’oppression.

L’anticapitalisme infuse notre lutte, car nous rejetons un système qui valorise le profit au détriment de l’humain et de la planète. Nous œuvrons pour une humanité qui célèbre la solidarité, l’équité et la gestion collective des ressources.

L’antifascisme marque notre réponse ferme à la montée des idéologies haineuses et autoritaires, en défendant vigoureusement la démocratie et la dignité humaine contre les forces du totalitarisme.

Notre engagement antiraciste et décolonial est fondamental pour démanteler les héritages coloniaux et les structures qui perpétuent l’inégalité, en faveur d’une justice réellement inclusive qui honore la richesse de chaque culture et chaque histoire.

Le féminisme nous guide dans la destruction du patriarcat, pour un monde où l’égalité de genre imprègne toutes les sphères de la vie, reconnaissant et amplifiant le rôle essentiel des femmes et des personnes de tous genres dans notre quête de justice.

Nous défendons les droits et la dignité des personnes LGBTQIA+, luttant sans relâche contre les préjugés et les violences pour affirmer l’importance de toutes les identités de genre et orientations sexuelles.

La lutte contre le validisme souligne notre volonté de pleine intégration des personnes en situation de handicap, en combattant les discriminations et en œuvrant pour une société accessible et équitable pour tou·te·s.

L’éducation populaire est notre levier pour éveiller les consciences, diffusant les savoirs de manière ouverte et transformatrice, et stimulant chacun·e à devenir un vecteur de changement.

Le confédéralisme municipal offre un cadre concret pour la réalisation de nos idéaux de justice sociale, écologique, et de démocratie participative, ancrant durablement les principes d’autogestion, de coopération intercommunale, et de respect de la diversité dans la pratique quotidienne de la politique. 

Conscient·e·s de la nécessité d’une démocratie directe et de la décentralisation du pouvoir pour une véritable écologie sociale, nous nous inspirons des théories du confédéralisme municipal de Murray Bookchin. Celui-ci prône la création de municipalités libres et autogérées, où les citoyen·nes sont activement impliqué·es dans la prise de décisions à l’échelle locale. Ces municipalités, organisées en réseaux confédérés, coopèrent sur des bases égalitaires et mutualistes, formant un contre-pouvoir robuste au capitalisme étatique et aux institutions centralisées. 

Un municipalisme libertaire qui affirme la primauté des décisions locales sur l’autorité étatique, qu’il permet ainsi d’amenuir, de disperser. Car, fragmenter le pouvoir central, c’est permettre le retour de la politique au village. C’est rendre la décision concrète, palpable, et donc aller contre le processus de dépolitisation inhérent à l’idéologie néolibérale. Idéologie sur laquelle prospère l’extrême droite et dont se servent les capitalistes pour entretenir leur domination.

En adoptant le confédéralisme municipal, nous visons à renforcer les communautés de la base au sommet, en les dotant de l’autonomie nécessaire pour gérer leurs affaires locales tout en restant connectées à une vision globale de l’écologie sociale. Ce modèle favorise une répartition équitable des ressources, un engagement citoyen renforcé, et une réelle capacité à mettre en œuvre des politiques écologiques efficaces et respectueuses des spécificités de chaque communauté et bassin de vie.

Par ce moyen, nous entendons combattre la bureaucratisation et la centralisation du pouvoir qui aliènent les individus, leur environnement et leur communauté aux intérêt d’une aristocratie d’Etat, en l’occurrence capitaliste.

Appel à l’action

Nous appelons tou·te·s les écologistes qui se retrouvent dans les valeurs de l’écologie sociale à s’investir activement dans le débat politique, que ce soit au sein des collectifs, des associations, ou des partis politiques. Ce courant de l’écologie est résolument ancré à gauche, et ne peut tolérer les contradictions ou les antagonismes présentés par les courants d’une certaine écologie prétendument au-delà des clivages gauche-droite, tels que le capitalisme vert ou l’écofascisme que nous combattons.

Nous sommes engagé·e·s à unifier ce qui est fragmenté, à rassembler les forces éparses pour préparer une candidature commune de la gauche pour l’élection présidentielle à venir. Nous croyons fermement que seule une candidature qui rompt avec les modèles dominants peut assurer une victoire à cette élection. La gauche écologiste de rupture est la seule force capable de contrer l’extrême-droite, qui impose aujourd’hui son agenda dans le débat politique et une victoire à l’élection présidentielle est une nécessité stratégique. Raison pour laquelle nous soutiendrons la candidature qui sera le plus à même de nous offrir une perspective de victoire. 

Notre militantisme ne saurait toutefois se borner aux grandes échéances électorales. Nous refusons de n’être qu’un parti d’élu·es, et affirmons la nécessité de faire front large avec toutes les composantes du mouvement social et écologiste. Cela passe par le respect d’une ligne politique claire, qui ne se compromet pas avec les libéraux et tisse des liens avec tous ceux, toutes celles qui luttent. Notre alliance avec les Soulèvements de la terre l’a montré : nous pouvons faire se coordonner politique institutionnelle et activisme de terrain pour gagner des batailles. Elargissons cette dynamique.

Nous nous engageons à mener une bataille culturelle, comme l’a théorisé Antonio Gramsci, pour façonner les consciences et ancrer notre vision dans le tissu social. C’est par cette transformation profonde de la culture que nous pourrons construire une société fondée sur les principes de justice, d’écologie et de solidarité.

Rejoignez La Tempête – Zone d’Écologie sociale et populaire 

*matérialisme dialectique : partir de l’examen des conditions matérielles d’existence des gens et de ce qu’elles nous disent des rapports de production et de domination pour penser les transformations à mettre en œuvre.

Les Ecologistes doivent dénoncer la responsabilité de la France et de l’Europe dans l’invisibilisation et la poursuite du génocide à Gaza et de la colonisation en Palestine !

Les Ecologistes doivent dénoncer la responsabilité de la France et de l’Europe dans l’invisibilisation et la poursuite du génocide à Gaza et de la colonisation en Palestine !

Le docteur Ghassan Abu-Sittah n’aurait jamais dû être empêché d’entrer en France samedi dernier.

Le chirurgien de guerre Ghassan Abu-Sittah qui avait opéré à Gaza au début de l’offensive Israélienne a été empêché d’entrer en France samedi 4 mai alors qu’il venait témoigner lors du colloque « La France et sa responsabilité dans l’application du droit international à Gaza » organisé par Raymonde Poncet, sénatrice de notre parti. Un mois et demi plus tôt, l’Allemagne avait empêché ce médecin britannico-palestinien, recteur de l’université de Glasgow, d’entrer sur son territoire alors qu’il devait participer à une conférence et interdit de visa dans l’espace Schengen[1].

Le gouvernement allemand a adopté depuis le 7 octobre une position pro-israélienne  et apporté un soutien inconditionnel à Benjamin Netanyahou et son gouvernement d’extrême-droite au point de  lui livrer des armes et du matériel militaire qui lui vaut d’être accusé de plausible complicité de crime contre l’humanité[2] et de  réprimer  toutes les voix qui tentent d’éclairer son opinion publique et condamnent le génocide à Gaza[3]. La France n’était pas obligée de suivre cette interdiction de visa Schengen par l’Allemagne. Les accords de Schengen sont régulièrement suspendus pour satisfaire la politique migratoire xénophobe des différents gouvernements Macron.

Par conséquent, l’alignement du gouvernement français sur la décision allemande est un choix diplomatique et politique. D’une part, cela signifie que la France ne souhaite pas contester la position pro-israélienne de l’Allemagne en Europe, ni renforcer les efforts de l’Espagne et de la Belgique pour obtenir des pays européens qu’ils respectent leurs engagements envers la Cour Internationale de Justice et les principes défendus par l’Europe. D’autre part, cette interdiction s’inscrit dans la continuité d’une politique répressive qui, de l’interdiction de manifestations, à celle de conférences dans les universités, en passant par l’envoi de la police contre les étudiant·e·s qui se mobilisent, voudrait faire taire les voix qui témoignent et partout dénoncent le génocide en cours à Gaza et les crimes abjects en Cisjordanie.

Si les militant·e·s et parlementaires écologistes présents au colloque ont dénoncé cette interdiction, notre parti, qui tenait pourtant un meeting de campagne en même temps, est resté silencieux, contrairement au NPA ou à Jean-Luc Mélenchon. Un silence lourd de sens quand on sait que les Verts allemands (Die Grünen) participent à la coalition qui gouverne en Allemagne et qu’ils y occupent même le ministère des affaires étrangères. Les Grünen se sont plusieurs fois distingués ces derniers mois par leur alignement pro-israélien. Le vice-chancelier écologiste Robert Habeck a tenu des propos stigmatisant les musulman·e·s en leur enjoignant à se distancier du Hamas et la majorité du groupe des Verts au Bundestag a voté pour une résolution décrivant la campagne BDS (boycott, désinvestissement, sanctions) comme antisémite. En décembre 2023, la Fondation Heinrich-Böll, affiliée aux Grünen et partenaire des Journées d’été des Ecologistes en France depuis 2019, avait annulé la remise de son prix Hannah-Arendt à Masha Gessen, journaliste russo-américaine qui devait le recevoir, après qu’elle ait comparé Gaza à un « ghetto en train d’être liquidé »[4].

Les Écologistes doivent protester officiellement et vigoureusement auprès du gouvernement français mais aussi auprès des Grünen, leurs alliés au sein du groupe des Verts au Parlement européen et du Parti Vert Européen (dont la présidente est la sénatrice française Mélanie Vogel), pour l’interdiction faite au docteur Ghassan Abu-Sitta d’entrer sur notre territoire samedi dernier et de témoigner. Au contraire, le silence de notre parti jusque là nous interpelle d’autant plus qu’il s’inscrit dans une campagne pour les élections européennes où la question palestinienne a été volontairement mise de côté dans le programme[5].

Une orientation stratégique qui vise à ne pas confronter un appareil médiatique largement compromis et à complaire à un électorat prétendument « modéré » réputé indifférent à la question palestinienne, est une faute. Quel sens peut avoir le fait de parler d’eau, d’alimentation, d’énergie, de la santé des Européen·ne·s quand la population de Gaza est privée d’eau, affamée, que son sol est pollué et confisqué par la guerre et la politique de colonisation israélienne ? Sinon à considérer que ce qui vaut pour les Européen·ne·s ne vaut pas pour les autres peuples du monde. Quel sens peut avoir le fait de parler du « vivant silencieux », comme l’a fait notre secrétaire nationale en meeting ce week-end et de condamner au silence les victimes palestiniennes du génocide en cours à Gaza ? Marie Toussaint qui s’est battue pour la reconnaissance du crime d’écocide devrait saisir l’opportunité de ces élections européennes pour dénoncer l’écocide à Gaza[6] comme en Cisjordanie[7] qui détruit le cadre d’existence des Palestinien·ne·s et constitue ainsi une des conditions suffisantes pour qualifier un génocide.

A la veille d’une offensive de l’armée israélienne sur Rafah qui s’annonce effroyable, la dénonciation du génocide à Gaza et des politiques de colonisation en Palestine doivent être portées haut et fort dans ces élections européennes. Les Écologistes doivent soutenir les mobilisations trop souvent réprimées en Occident et, en particulier, celles de la jeunesse qui refuse ce monde construit sur la domination du plus fort, la destruction et l’accaparement de toutes les ressources. Aux États-Unis, Jill Stein, candidate du parti Vert américain et juive antisioniste[8], a été arrêtée pour avoir soutenu les occupations des campus américains en faveur de la Palestine. Nous saluons son courage et lui apportons notre entier soutien. Comme elle, nous ne nous tairons pas. 


[1] Le médecin palestinien Ghassan Abu Sitta, témoin de l’enfer de Gaza, interdit d’entrée sur le territoire français, Le Monde 

[2] L’Allemagne accusée de « plausible » complicité dans les crimes commis à Gaza, Le Monde

[3] En Allemagne, une criminalisation « inconditionnelle » du soutien à la Palestine, Ballast

[4] Gaza : en Allemagne, le grand déni, Mediapart

[5] À Lyon, les Verts européens ont désigné leurs chefs de file, Mediapart

[6] ‘Ecocide in Gaza’: does scale of environmental destruction amount to a war crime?, The Guardian

[7] Ecocide à Gaza: Eau, sol et végétations, l’armée de l’occupant s’acharne contre le vivant (témoignages), Tunis Afrique Presse

[8] Interview de Jill Stein sur CNN, Twitter  

Soutien aux étudiant·e·s mobilisé·e·s pour la Palestine et l’arrêt du génocide en cours à Gaza

Nous soutenons la mobilisation étudiante contre le génocide du peuple palestinien à Gaza et la grève de la faim commencée par des étudiant·e·s de Sciences Po. Cette mobilisation s’inscrit dans un contexte d’occupations des universités aux Etats-Unis, en Italie, au Royaume-Uni, Australie… Les étudiant·e·s y dénoncent notamment l’impossibilité d’étudier à Gaza et les partenariats entre les universités françaises et des universités israéliennes ou des entreprises impliquées dans le génocide à Gaza, les violations du droit international et des droits de l’Homme en Palestine.

Les universités israéliennes sont régulièrement accusées, y compris par des chercheur·se·s et professeur·e·s israélien·ne·s, d’être des complices majeurs de l’occupation, du colonialisme de peuplement et de l’apartheid que subissent les Palestinien·nes à l’intérieur comme à l’extérieur du monde universitaire. Des étudiant·e·s et enseignant·e·s ont été arrêté·e·s en Israël pour avoir demandé un cessez-le-feu à Gaza[1] et la professeure Nadera Shalhoub-Kevorkian a été suspendue par l’université hébraïque de Jérusalem[2]. L’université de Tel-Aviv enseigne la doctrine Dahiya[3] qui théorise l’usage disproportionné de la force notamment la destruction d’infrastructures civiles et le refus explicite de distinguer les cibles militaires des cibles civiles. L’université hébraïque de Jérusalem est quant à elle implantée dans les territoires palestiniens occupés illégalement. Dans un communiqué, les présidents de neufs des douze universités israéliennes ont incité les étudiant·e·s de confession juive à quitter les universités dans lesquelles s’expriment ces mobilisations en confondant volontairement l’opposition au sionisme et l’antisémitisme et en ne dénonçant à aucun moment le massacre[4] à Gaza. Nous leur rappelons que la France est un pays laïque où chacun·e est libre de croire ou ne pas croire et où personne n’est jugé selon sa religion.

Plusieurs universités françaises sont partenaires du groupe Thales qui travaille avec le groupe d’armement israélien Elbit System, qui commercialise un drone équipant l’armée israélienne[5]. L’administration de Sciences Po a refusé de condamner le génocide en cours à Gaza et de remettre en cause les partenaires financiers dénoncés par les étudiant·e·s en raison de leur implication avec Israël.

Nous soutenons toutes les mobilisations dans les universités françaises qui visent à dénoncer ces complicités et appelons à la fin de la répression policière, des sanctions disciplinaires et des pressions politiques sur les étudiant.e.s mobilisés contre le génocide en cours à Gaza. Nous dénonçons également les tentatives de disqualifier ces mobilisations à travers diverses polémiques infondées et les instrumentalisations comme la suspension des financements de Sciences Po par la présidente de la Région Île-de-France Valérie Pécresse qui finance elle aussi des entreprises complices du génocide. Nous dénonçons la demande faite aux présidents d’universités par la ministre de l’Enseignement supérieur Sylvie Retailleau « d’utiliser l’étendue la plus complète de leurs pouvoirs » contre la mobilisation des étudiant·e·s pour Gaza et les fermetures des lieux d’enseignement. Nous rappelons que tous les étudiant·e·s doivent pouvoir étudier, débattre et exprimer leurs positions pourvu qu’elles respectent les principes de la liberté d’expression telle que définie par la loi et nous les soutenons dans leurs revendications pour la fin du génocide à Gaza. 


[1] En Cisjordanie occupée et dans le territoire israélien, l’armée arrête et réprime étudiant.es et enseignant.es solidaires de Gaza, Association France Palestine Solidarité

[2] La police israélienne a arrêté la professeure Nadera Shalhoub-Kevorkian pour incitation à la haine, tribune publiée dans Le Club de Mediapart

[3] Tirant son nom de Dahiya, un quartier chiite de la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah, rasé par l’aviation israélienne en 2006, cette doctrine a été conçue par le général israélien Gadi Eizenkot. https://www.mediapart.fr/journal/international/191123/guerre-israel-hamas-la-devastatrice-doctrine-dahiya

[4] Communiqué des présidents d’université israéliennes https://www.technion.ac.il/wp-content/uploads/2024/04/VERA-On-events-on-campuses-26-April-2024.pdf

[5] Les liaisons dangereuses de l’Université de Rennes avec l’armement et la surveillance israélienne ! Communiqué de Sud Education 35