Stop à la recolonisation de la Nouvelle-Calédonie-Kanaky par la France ! Nos pensées vont aux sept victimes inutiles de la répression coloniale

Stop à la recolonisation de la Nouvelle-Calédonie-Kanaky par la France ! Nos pensées vont aux sept victimes inutiles de la répression coloniale

La Nouvelle-Calédonie-Kanaky est une colonie de peuplement. Depuis son annexion en 1853, la France, qui y a d’abord déporté des prisonniers, a constamment encouragé l’installation de populations issues de la métropole coloniale par l’octroi d’avantages. Le peuple kanak est devenu minoritaire chez lui à partir des années du boom du nickel entre 1969 et 1972. Il subit un racisme permanent et systémique de la part des populations européennes qui se manifeste par des violences économiques et sociales entraînant de très fortes inégalités et sa ségrégation.

Entre 1984 et 1988, la Nouvelle-Calédonie a connu une quasi guerre civile entre les partisan·nes et les opposant·es à l’indépendance, marquée par la prise d’otages de la grotte d’Ouvéa en 1988 dans laquelle 4 gendarmes et 19 indépendantistes kanaks ont été tués. Ces “évènements” ont pris fin avec la signature des accords de Matignon en 1988 qui prévoyaient l’organisation d’un référendum d’autodétermination dix ans plus tard et amnistiaient la prise d’otages d’Ouvéa, évitant tout procès à propos de l’assaut meurtrier déclenché par le gouvernement Chirac et validé par le président Mitterrand.

Dix ans plus tard, les accords de Nouméa précisaient les étapes du processus de décolonisation et d’émancipation de l’archipel autour d’un projet de nouvelle citoyenneté calédonienne. 

Aujourd’hui, le projet de loi constitutionnelle de dégel du corps électoral voulu par l’exécutif français rompt avec les accords de Nouméa et poursuit en l’aggravant la minorisation du peuple Kanak. Emmanuel Macron et son gouvernement veulent empêcher toute possibilité d’une majorité indépendantiste. Ils sont restés sourds aux trois mois de mobilisation et de manifestations pacifiques qui ont réuni des dizaines de milliers de personnes contre leur projet de loi. Ils n’ont pas écouté non plus les alertes des parlementaires de gauche et d’outre-mer.

Les émeutes sont une réponse à la volonté de l’exécutif d’imposer un texte dont le peuple Kanak ne veut pas, y compris par la force. Comme en 1988 et malgré cette expérience sanglante, l’exécutif réprime les indépendantistes : Etat d’urgence, GIGN, Armée, assignation à résidence des militant·es. Il témoigne une mansuétude coupable à l’égard des milices qui harcèlent et violentent les indépendantistes Kanaks. Nous déplorons tous les morts, qui auraient pu être évités si le gouvernement avait agi avec responsabilité et respect du peuple Kanak. 

Les raisons de ce reniement sont matérielles et stratégiques. L’exécutif souhaite reprendre la main sur les ressources de l’archipel et, en particulier, sur le nickel dont la Nouvelle-Calédonie-Kanaky possède  20 % à 30 % des réserves mondiales. C’est pourquoi il a conditionné ses aides aux entreprises d’extraction à un assouplissement de la “doctrine nickel” voulue par le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) qui souhaitait faire de cette ressources un levier économique pour la construction de son projet politique et mieux protéger la ressource et son environnement. 

Il apparaît clairement qu’Emmanuel Macron et son gouvernement entendent garder la main sur les ressources de l’archipel qu’ils envisagent comme une source d’approvisionnement pour leur marché intérieur et d’enrichissement pour des intérêts alliés. 

Mais la décision d’Emmanuel Macron et son gouvernement de recoloniser la Nouvelle-Calédonie-Kanaky est une affirmation du rôle qu’ils entendent faire jouer à la France dans la région indopacifique en inscrivant notre pays dans une logique d’affrontement entre grandes puissances pour l’accès aux ressources et le contrôle des voies de communication. 

Nous dénonçons la recolonisation de la Nouvelle-Calédonie-Kanaky

Nous demandons le désarmement des milices, la fin de l’état d’urgence et de toutes les restrictions de liberté ! 

Nous défendons d’autres relations internationales fondées sur le respect des peuples et leur coopération, et non pas sur la domination militaire. 

Source : Nickel en Nouvelle-Calédonie : une ressource-clé pour l’archipel et les indépendantistes, Le Monde

 

Soutien aux étudiant·e·s mobilisé·e·s pour la Palestine et l’arrêt du génocide en cours à Gaza

Nous soutenons la mobilisation étudiante contre le génocide du peuple palestinien à Gaza et la grève de la faim commencée par des étudiant·e·s de Sciences Po. Cette mobilisation s’inscrit dans un contexte d’occupations des universités aux Etats-Unis, en Italie, au Royaume-Uni, Australie… Les étudiant·e·s y dénoncent notamment l’impossibilité d’étudier à Gaza et les partenariats entre les universités françaises et des universités israéliennes ou des entreprises impliquées dans le génocide à Gaza, les violations du droit international et des droits de l’Homme en Palestine.

Les universités israéliennes sont régulièrement accusées, y compris par des chercheur·se·s et professeur·e·s israélien·ne·s, d’être des complices majeurs de l’occupation, du colonialisme de peuplement et de l’apartheid que subissent les Palestinien·nes à l’intérieur comme à l’extérieur du monde universitaire. Des étudiant·e·s et enseignant·e·s ont été arrêté·e·s en Israël pour avoir demandé un cessez-le-feu à Gaza[1] et la professeure Nadera Shalhoub-Kevorkian a été suspendue par l’université hébraïque de Jérusalem[2]. L’université de Tel-Aviv enseigne la doctrine Dahiya[3] qui théorise l’usage disproportionné de la force notamment la destruction d’infrastructures civiles et le refus explicite de distinguer les cibles militaires des cibles civiles. L’université hébraïque de Jérusalem est quant à elle implantée dans les territoires palestiniens occupés illégalement. Dans un communiqué, les présidents de neufs des douze universités israéliennes ont incité les étudiant·e·s de confession juive à quitter les universités dans lesquelles s’expriment ces mobilisations en confondant volontairement l’opposition au sionisme et l’antisémitisme et en ne dénonçant à aucun moment le massacre[4] à Gaza. Nous leur rappelons que la France est un pays laïque où chacun·e est libre de croire ou ne pas croire et où personne n’est jugé selon sa religion.

Plusieurs universités françaises sont partenaires du groupe Thales qui travaille avec le groupe d’armement israélien Elbit System, qui commercialise un drone équipant l’armée israélienne[5]. L’administration de Sciences Po a refusé de condamner le génocide en cours à Gaza et de remettre en cause les partenaires financiers dénoncés par les étudiant·e·s en raison de leur implication avec Israël.

Nous soutenons toutes les mobilisations dans les universités françaises qui visent à dénoncer ces complicités et appelons à la fin de la répression policière, des sanctions disciplinaires et des pressions politiques sur les étudiant.e.s mobilisés contre le génocide en cours à Gaza. Nous dénonçons également les tentatives de disqualifier ces mobilisations à travers diverses polémiques infondées et les instrumentalisations comme la suspension des financements de Sciences Po par la présidente de la Région Île-de-France Valérie Pécresse qui finance elle aussi des entreprises complices du génocide. Nous dénonçons la demande faite aux présidents d’universités par la ministre de l’Enseignement supérieur Sylvie Retailleau « d’utiliser l’étendue la plus complète de leurs pouvoirs » contre la mobilisation des étudiant·e·s pour Gaza et les fermetures des lieux d’enseignement. Nous rappelons que tous les étudiant·e·s doivent pouvoir étudier, débattre et exprimer leurs positions pourvu qu’elles respectent les principes de la liberté d’expression telle que définie par la loi et nous les soutenons dans leurs revendications pour la fin du génocide à Gaza. 


[1] En Cisjordanie occupée et dans le territoire israélien, l’armée arrête et réprime étudiant.es et enseignant.es solidaires de Gaza, Association France Palestine Solidarité

[2] La police israélienne a arrêté la professeure Nadera Shalhoub-Kevorkian pour incitation à la haine, tribune publiée dans Le Club de Mediapart

[3] Tirant son nom de Dahiya, un quartier chiite de la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah, rasé par l’aviation israélienne en 2006, cette doctrine a été conçue par le général israélien Gadi Eizenkot. https://www.mediapart.fr/journal/international/191123/guerre-israel-hamas-la-devastatrice-doctrine-dahiya

[4] Communiqué des présidents d’université israéliennes https://www.technion.ac.il/wp-content/uploads/2024/04/VERA-On-events-on-campuses-26-April-2024.pdf

[5] Les liaisons dangereuses de l’Université de Rennes avec l’armement et la surveillance israélienne ! Communiqué de Sud Education 35